C’est l’histoire de trois hommes,
Amis, complices, réglés comme un métronome,
Ils ont grandi ensemble, dans le même quartier, dans la même rue,
Joué sur les pavés aux noyaux d’abricots et aux billes, sacrée tribu !
C’est l’histoire d’un couffin, venant du sud,
Avec ses anses en plastique, et ses fibres en alfa rudes,
Décoré d’un chameau approximatif, en fil de laine multicolore,
Il portait le nom de la ville où il fut conçu par des mains en or…
***
Le premier homme portait toujours le couffin,
En revenant du marché, de Carrefour, ou de chez le voisin…
Il le portait pardessus les épaules, sur la tête ou à deux mains,
Porter le couffin est un art, il en a fait son gagne pain.
Il le portait sans prétextes et sans complexes
Sur son dos qui se courbait de jour en jour et devenait convexe !
Il léchait les bottes de son patron et les talons de ses ex,
Dans ce monde qui le contemplait complice ou perplexe !
Il portait le couffin de l’aube à la tombée du jour,
Argumentait ses péripéties de belles paroles et de poèmes de troubadour,
Il distribuait les compliments et prodiguait les louanges
Qu’il conservait jalousement dans son couffin étrange…
Il portait le même couffin mais changeait souvent de veste,
Au rythme de ses jours et de ses nuits qui empestent,
Il remplissait de ses glorifications hypocrites et de ses apologies funestes
Ses poches, avec un argent sali, teinté d’infamie et de bassesse.
***
Le deuxième homme remplissait son couffin,
De faux éloges et de compliments chafouins…
Il gonflait le torse heureux de ses galons clinquants,
Fier de ses grades qui pendillaient avec leurs rubans.
Il remplissait son couffin d’un argent détourné, volé
A une peuplade soumise, complice et rabaissée,
Une peuplade qui se défonçait au hash et à l’alcool
Pour l’enfoncer encore plus sur son trône éternel de farandole…
Il se remplissait les poches et les moindres recoins du couffin
Et transportait ces biens (sic!) vers d’autres couffins lointains,
Plus il s’enfonçait dans les délicatesses de son règne éphémère
Et plus le peuple se défonçait pour fuir sa souffrance et sa misère…
Mais un couffin plein ne suffit jamais, il faudrait remplir des centaines et des milliers,
On ne sait jamais, la vie nous réserve de mauvaises surprises, il vaut mieux assurer !
Le deuxième homme remplissait son couffin
Et la horde baignait dans son chagrin…
***
Le troisième homme vidait les couffins sans gêne ni retenu,
Il vous suivait avec ses yeux dévêtus, ses yeux civils, ses yeux en tenue,
Il vidait vos couffins pour emplir le sien de vos histoires, de votre histoire assassinée,
De votre passé, de vos gestes, de vos dires et de vos secrets.
Il se fondait dans la foule
Pour brouiller les ondes d’une masse qui s’écroule,
Il s’insinuait dans les méandres de vos vies,
Et vidait vos mémoires aigries…
Il vidait nos couffins comme on décervelait un humain,
Pour n’en faire qu’un robot obéissant, docile et inhumain,
Pour en faire une masse résignée, vidée de sa rage et de ses droits,
Un peuple aveugle, sourd, muet mais « roi » !
« Roi » d’une surconsommation déraisonnée,
« Roi » des soirées de beuveries déchaînées,
« Roi » de fantasmes sur des starlettes dénudées,
« Roi » d’un présent en paillettes orientalisé,
« Roi » d’un futur incertain, douteux, brouillé,
« Roi » d’une liberté sécurisée,
« Roi » des statistiques erronées,
« Roi » d’un royaume désenchanté…
Mais esclave de son présent opprimé.
***
Et nous, dans toute cette « ratatouille » sociale?
A quel homme ressemblons-nous ? Qui est notre égal ?
Au premier, porteur de couffins,
Lécheur de bottes, rapporteur, mouchard et mesquin ?
Au second, bâtissant son empire éphémère
Sur le dos d’une masse affaiblie et austère ?
Ou au troisième qui vidait les couffins
Et jouait de nos vies comme de pauvres pantins ?
A aucune de ces caricatures sociales,
A aucune de ces parodies bestiales !
Nous, nous sommes le couffin,
Portant dans ses fières fibres d’alfa notre rage et notre chagrin,
Nous sommes ce couffin au masculin,
Au féminin,
Qui crache sur leur déclin,
Sur leurs pots de vin,
Avec notre venin
Parfumé de jasmin,
Pour leur vagir en vers Alexandrins,
Notre envie de vie, notre amour de citadin,
Notre refus de leur Kremlin,
Du fond des mines ou du haut d’un gratte-ciel cristallin,
Nous tracerons notre chemin,
Nous battrons sur les tambourins,
Fiers d’être les couffins
De la Liberté !
Amis, complices, réglés comme un métronome,
Ils ont grandi ensemble, dans le même quartier, dans la même rue,
Joué sur les pavés aux noyaux d’abricots et aux billes, sacrée tribu !
C’est l’histoire d’un couffin, venant du sud,
Avec ses anses en plastique, et ses fibres en alfa rudes,
Décoré d’un chameau approximatif, en fil de laine multicolore,
Il portait le nom de la ville où il fut conçu par des mains en or…
***
Le premier homme portait toujours le couffin,
En revenant du marché, de Carrefour, ou de chez le voisin…
Il le portait pardessus les épaules, sur la tête ou à deux mains,
Porter le couffin est un art, il en a fait son gagne pain.
Il le portait sans prétextes et sans complexes
Sur son dos qui se courbait de jour en jour et devenait convexe !
Il léchait les bottes de son patron et les talons de ses ex,
Dans ce monde qui le contemplait complice ou perplexe !
Il portait le couffin de l’aube à la tombée du jour,
Argumentait ses péripéties de belles paroles et de poèmes de troubadour,
Il distribuait les compliments et prodiguait les louanges
Qu’il conservait jalousement dans son couffin étrange…
Il portait le même couffin mais changeait souvent de veste,
Au rythme de ses jours et de ses nuits qui empestent,
Il remplissait de ses glorifications hypocrites et de ses apologies funestes
Ses poches, avec un argent sali, teinté d’infamie et de bassesse.
***
Le deuxième homme remplissait son couffin,
De faux éloges et de compliments chafouins…
Il gonflait le torse heureux de ses galons clinquants,
Fier de ses grades qui pendillaient avec leurs rubans.
Il remplissait son couffin d’un argent détourné, volé
A une peuplade soumise, complice et rabaissée,
Une peuplade qui se défonçait au hash et à l’alcool
Pour l’enfoncer encore plus sur son trône éternel de farandole…
Il se remplissait les poches et les moindres recoins du couffin
Et transportait ces biens (sic!) vers d’autres couffins lointains,
Plus il s’enfonçait dans les délicatesses de son règne éphémère
Et plus le peuple se défonçait pour fuir sa souffrance et sa misère…
Mais un couffin plein ne suffit jamais, il faudrait remplir des centaines et des milliers,
On ne sait jamais, la vie nous réserve de mauvaises surprises, il vaut mieux assurer !
Le deuxième homme remplissait son couffin
Et la horde baignait dans son chagrin…
***
Le troisième homme vidait les couffins sans gêne ni retenu,
Il vous suivait avec ses yeux dévêtus, ses yeux civils, ses yeux en tenue,
Il vidait vos couffins pour emplir le sien de vos histoires, de votre histoire assassinée,
De votre passé, de vos gestes, de vos dires et de vos secrets.
Il se fondait dans la foule
Pour brouiller les ondes d’une masse qui s’écroule,
Il s’insinuait dans les méandres de vos vies,
Et vidait vos mémoires aigries…
Il vidait nos couffins comme on décervelait un humain,
Pour n’en faire qu’un robot obéissant, docile et inhumain,
Pour en faire une masse résignée, vidée de sa rage et de ses droits,
Un peuple aveugle, sourd, muet mais « roi » !
« Roi » d’une surconsommation déraisonnée,
« Roi » des soirées de beuveries déchaînées,
« Roi » de fantasmes sur des starlettes dénudées,
« Roi » d’un présent en paillettes orientalisé,
« Roi » d’un futur incertain, douteux, brouillé,
« Roi » d’une liberté sécurisée,
« Roi » des statistiques erronées,
« Roi » d’un royaume désenchanté…
Mais esclave de son présent opprimé.
***
Et nous, dans toute cette « ratatouille » sociale?
A quel homme ressemblons-nous ? Qui est notre égal ?
Au premier, porteur de couffins,
Lécheur de bottes, rapporteur, mouchard et mesquin ?
Au second, bâtissant son empire éphémère
Sur le dos d’une masse affaiblie et austère ?
Ou au troisième qui vidait les couffins
Et jouait de nos vies comme de pauvres pantins ?
A aucune de ces caricatures sociales,
A aucune de ces parodies bestiales !
Nous, nous sommes le couffin,
Portant dans ses fières fibres d’alfa notre rage et notre chagrin,
Nous sommes ce couffin au masculin,
Au féminin,
Qui crache sur leur déclin,
Sur leurs pots de vin,
Avec notre venin
Parfumé de jasmin,
Pour leur vagir en vers Alexandrins,
Notre envie de vie, notre amour de citadin,
Notre refus de leur Kremlin,
Du fond des mines ou du haut d’un gratte-ciel cristallin,
Nous tracerons notre chemin,
Nous battrons sur les tambourins,
Fiers d’être les couffins
De la Liberté !
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