ET...

Et…

Et ça pleut dans les mosquées,
Et ça croule dans les cathédrales,
Et ça craque sur les parquets,
Et ça meurt sous les rafales…


Et ça pleure dans les synagogues,
Et ça gémit dans les temples,
Et ça noie dans les pirogues
D’une humanité qui tremble…

Et ça chante dans les bals,
Et ça déchante sur les pavés
Où fredonnait la chorale
Des cœurs dépravés…

Et ça brûle les pupilles,
Les images d’une terre grise,
Et ça crame dans les esprits
D’une peuplade soumise…

Et ça hurle dans les chapelles,
Et ça geint dans les marabouts,
Et ça feint sous l’infidèle charnel,
Et ça craint les érudits fous…


Elle allume la bougie,
Et s’agenouille devant l’autel sacré,
Prie le Père et le Saint Esprit…
Dans un sanglot qui étrangle sa voix éreintée…

Il allume la flamme de son âme,
Sous son kippa chancelant,
Et adjure sur ce mur de larmes,
L’Illustre, le Seigneur, l’absent…

Elle allume la bougie,
Et s’accroche aux barres glacées,
Du Sage, sous son faîtage vert endormi,
Et implore le Glorieux idolâtré…

Et ça crache des obus
Sur des enfants ensanglantés,
Des rafales et des blindés qui tuent
Des innocents crédules, qu’on enfouit sous une glèbe abandonnée…


Une terre de feu qui craque
Sous le poids des torpilles qui braquent
Des peuplades en vrac,
Du sang d’ingénus qui coule en flaques
Sur des corps qu’on enterre dans des cloaques…
Un prélude de Bach
S’élève dans les cieux de cette terre de Pâques,
Cette terre où les matraques,
Où les cris et les claques,
Où les tanks obscurs et les lois opaques
Traquent
Des humains qui vaquent
Et rêvent d’ignobles macaques,
Achetant leur silence et leur lâcheté, piètre tract,
Injurieuse arnaque,
Pour un feint repos sur un hamac…
Un repos vil, infâme, honteux,
Pour un lendemain hideux,
Fardé aux couleurs d’un présent douteux,
Mais luxurieux…

Et ça pleut dans les mosquées,
Et ça croule dans les cathédrales,
Et ça craque sur les parquets,
Et ça meurt sous les rafales…

Et ça pleure dans les synagogues,
Et ça gémit dans les temples,
Et ça noie dans les pirogues
D’une humanité qui tremble…