Il est six heures…
Il est six heures moins une minute…
Je suis cloîtré, dans ma cage dorée,
Le sas est encore clos, je bute
Sur les cloisons ensanglantées de mon gîte apeuré.
Il est six heures…
La trappe s’ouvre, je recule, je m’invagine,
Les yeux exorbités, la voix ternie de peur,
L’attente d’une délivrance assassine…
Il est six heures,
Je salive, je bave, je « Pavlov »,
Attente cruelle d’un mets rédempteur,
D’un pain miteux apaisant ma faim fauve.
Besoin assouvi, crainte envolée,
L’huis se rabat telle une guillotine,
Aveuglant le repaire, je me replie, castré,
Dans une camisole sur un champs de mines…
Je compte les secondes, les minutes qui passent,
Les heures, les jours, les années et les siècles…
Je compte l’éternité qui sillonne ma peau, échaude ma face,
Ton âme malsaine, endiablée, rôde sur ces murs, espiègle…
Tu m’envenimes, tu m’empoisonnes, tu m’infectes,
Dépendant, je pue de tes valeurs qui me noient,
Captif, cloîtré de tes lois, de tes normes qui empestent,
Soumis à ta mortelle bonté, esclave d’un maudit roi…
Il est six heures…
Les aiguilles tournent, tournent… sans arrêt…
Manège dans ma tête dépouillée, dans mon cœur,
Nausées qui me soûlent dans cette sordide marée.
Il est ……quatre heures,
Le rideau de fer se lève,
Je ne salive pas, je ne bave pas, stupeur ! !
Est-ce la fin de la trêve ?
Je glisse ma tête, timide, angoissée,
La lumière vive brûle mes pupilles éteintes,
Je me dérobe, inquiet, transi, tracassé,
Sur la toile de l’inconnu, de noir peinte…
Dehors, les rues sont désertes, froides,
Les murs ardoisés conjurent des légendes et des histoires,
J’erre dans cette novice et solitaire balade,
Je crache sur cette mesquine mascarade, cette vie de foire.
Je marche longtemps, je me bats, je lutte, je bataille,
Mes pieds endoloris, cruentés, écrasant un passé endeuillé,
La faim broie mes entrailles,
La soif assèche mes cris enroués.
Je brise ces chaînes du silence étouffant,
J’arrose de mon sang nouveau mes souvenirs flétris,
Je combats un présent rude, mais engageant,
Je combats pour un avenir glorieux et … je prie…
Je marche, j’avance et je vole de bonheur,
Je déploie mes ailes de fierté,
Certes, il ne sera plus jamais six heures,
Mais il sera toujours l’heure de liberté.
mardi 19 février 2008
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