LA LETTRE

La lettre





D’ici bas, ou de là haut,
Je ne sais plus, mes repères sont perdus dans les flots,
Flots de mes pleurs, larmes sur un papier traître,
De mon sang, je t’écris cette lettre…



Le jour de ton départ,
Une prière ultime faisait trembler mes lèvres, mon visage hagard,
J’ai imploré les cieux et les dieux,
De pouvoir, une dernière fois, m’envoler dans tes yeux…



Dans le sanctuaire de nos chairs égarés,
Dans le cimetière de nos corps enterrés,
Sur les tombes de nos âmes emportées,
J’ai pleuré ma vie inhumaine, inhumée…




Je t’écris cette lettre et le vent l’emportera,
Message de mon amour, bravant le temps, l’oubli et le froid,
Je t’écris cette lettre qui m’emportera
Dans ton cœur, qui jamais ne m’aimera…






Dans la maison dépouillée,déserte, résonne l’écho
De mes lamentations, de ton souvenir, de ces étés chauds,
Les murs racontent notre amour, nos voix et nos rites,
Le plancher aride, sous le poids de mon supplice, craque et s’effrite…



Je contemple les photographies jaunies de tes portraits souriants
Qui s’embrasent par le feu de mon cœur cuisant,
Je hume cet ultime bouquet létal de roses, fatale fragrance…
Un parfum de fin envoûte la pièce, étrangle mes sens…



O ange du ciel, entend mon inféconde oraison,
O démon de l’enfer, exauce mon insane déraison,
O pluie divine, arrose mon corps de ton sacré baptême,
O dame nature, dites-lui que je l’aime…




Je t’écris cette lettre et le vent l’emportera,
Message de mon amour, bravant le temps, l’oubli et le froid,
Je t’écris cette lettre qui m’emportera
Dans ton cœur, qui jamais ne m’aimera…

Je t’écris cette lettre, un matin tu la liras,
Parchemin de ma folie et de ma foi,
Cette lettre, empreinte immuable, pour toujours,
De mon amour…