mardi 19 février 2008

JESUS

Jésus


Au pied d’un autel délabré,
Accroché à une barre de bois effritée,
Je me prosterne devant l’auguste Seigneur,
Sur mes genoux endoloris par le poids d’un cœur qui se
[meurt…



Arthrose de larmes, de sang noir qui s’insinue,
Dans mes veines stériles, sur mes joues drues,
Sur cette table de sacrifices, j’étale mes péchés,
Au chevet d’une croix vidée, asséchée…



Péchés d’une vie de plaisirs,
Péchés d’interminables nuits de désirs,
Péchés d’un œil épuisé de pleurs et de cris,
Péchés d’une langue cousue par des rites pourris.



Offense au divin créateur qui se moque
De ma hargne, de ma rage, d’un enfant en loques,
D’un homme rongé par la teigne du pouvoir,
Sur un peuple écervelé, gangrené par une pelade de
[désespoir…
Sous ta couronne d’épines, tu contemples cette ronde,
Un monde malade qui crache sa lave et qui gronde
Sa peine, sa douleur, et qui te fait offrande
De ses vierges qui enfantent sur d’immaculées landes.



Sous ton auréole d’arêtes, une cène se prépare,
Célébrant l’ultime sanctus d’une âme qui part,
D’un corps brisé, épeuré dans le tourbillon d’une vie
De traîtres, de perfides, de renégats travestis…


De tes stigmates, ta sève bénie arrose ma plaine,
Mes terres arides, ma peau enlaidie, ma graine,
Un clou souillé, sali, s’enfonce dans ma chair,
Et je prie ma mort, ma fin, insane prière…



La barre de bois craque, je m’effondre sur le sol sacré,
La croix tremble et se balance, pendule castrée,
Je scrute ton corps chétif, ta carcasse mutilée,
Et je prie ma mort, ma fin, blasphème inné…



La croix se détache,
S’abat, létale hache,
Sur ma tête qui priait
Une mort tant convoitée…

Aucun commentaire: