TU ES MON MOI

Tu es mon moi


Siamois de naissance,
Jumeaux dans la souffrance,
Tu es mon cri, mes larmes,
Tu es ma force, mes armes.


J’entends dans tes silences,
Tes murmures qui me balancent.
Je vois dans tes nuits obscures,
La clarté de ton regard pur.


Tu es cette goutte de sueur
Qui perle sur mon front, telle une lueur,
Tu es cette salive qui abreuve
Ma langue asséchée, mes lèvres veuves.


Tu es mon sang qui fend,
Ma sève qui coule dans un corps différent.
Tu es ma chaire qui brûle,
Ton corps sculpté sur ma peau émule.


Arbre de ta vie, enracinée dans ma terre,
Dressé au ciel, haut et fier,
Traces sur mon corps, nervures vivantes,
Dans tes yeux, tu es ma rage aveuglante.


Miroir brisé, ton image se tord,
Reflet de mon visage terrassé de remords.
Tu es cette main qui se lève et balaie
L’intolérance qui te noie, qui m’étrangle à jamais.


Tu es mon double, tu es mon autre,
Mes erreurs, mes alibis, mes fautes,
Je suis ton rire d’enfant, tes peines,
Je suis l’amour qui bat dans tes veines…


Animal dans ta cage, tu m’apprivoises,
Je m’enroule sur ton corps effronté, tes sens en phase,
Je hume ta chaleur, ton odeur fauve, bâtarde,
Ta lumière éclaire mes pensées nocturnes, blafardes.


Tu t’esquives, tu tarabustes,
Tu atterris, haletant, suant, sur mon buste,
Délivré, libéré, tu arraches ton masque,
Tu émerges de cette marée boueuse, de ce vasque.

Tu es ce vin qui m’enivre, me tourmente,
Tu es mon désir, mes fantasmes, mon extase culminante,
Je suis tes sacrilèges, ta prière clémente,
Je suis ton cercueil, tu es ma mort délivrante.


Ames sœurs, scindées dans la solitude,
Un cœur battant pour deux corps prudes,
Tu es ma révolution, mes écrits, mes songes,
Je suis tes convulsions, ton égérie, tes mensonges.


Je suis ta faiblesse, ta hargne et ta foi,
Tu es ma perte, ma raison et mon toit,
Je suis ta secte, ta folie et tes lois,
Tu es en moi, tu es mon moi…