mardi 19 février 2008

MA TERRE

Ma terre


Par une interminable nuit,
Dans l’infini paradis,
L’archange Gabriel
Me fit appel :

« O toi l’humain,
Novice dans cette éternité sans fin,
Raconte moi la vie
Sur ta terre, où tu naquis… »

Il me prit sous ses ailes,
Sous ses plumes immaculées, belles,
Une tendre chaleur m’envoûta,
Et le rêve, un long rêve commença…

« La vie sur terre, ô ange sacré,
La vie sur terre, ô maître idolâtré,
Qu’est-ce la vie sur terre ?
Un mystère, l’énigme de l’univers !




Je naquis, je grandis sur terre,
Parmi les humains, mes pareils, mes frères,
Balancés entre le bien et le mal,
Balayés par des lois… assoiffées d’idéal.

Ma terre est belle, verte, bleue, divine,
Vastes océans à la lueur cristalline,
Forêts immenses, savanes écarlates, dunes dorées,
Ciel exquis, de millions d’étoiles paré.

Ma terre est belle, éternelle, immortelle,
Ma terre est belle, femelle, rebelle,
Elle brille de mille feux, tourne et tournoie
Autour du Râ flamboyant d’éclat. »

Gabriel rabattit ses ailes,
Me fixa de ses pupilles de miel,
Et me dit : « Mais humain, ta terre brûle, elle fume…
Ta terre n’est que suie, elle se consume. »

Du haut de ma tour, de mon jardin d’Eden,
Je contemplais ma terre, minuscule boule, ma reine,
Boule en feu, sur une toile obscure, noire,
Feu dans mon cœur embrasé, mon corps bâtard…

« Qu’est il arrivé à ma terre ? à ma mère ?
O mon ange, je t’implore, exauce mes prières…
Qu’est il arrivé à mon berceau, à mon âme ?
Ma terre brûle, ma terre s’enflamme ! ! »

« Ta terre était belle, éternelle, immortelle,
Ta terre était belle, femelle, rebelle,
Mais les lois des mortels, de tes pareils, des humains
Ont rongé les racines de tes racines, la fin…

Guerres, famines, fléaux et conflits
Ont eu raison des océans, des savanes fleuries,
Armes chimiques et puissances nucléaires
Ont tué vos armées humaines, pillé vos peuples débonnaires.

Rangées de soldats ordonnées sur les fronts,
Armés de bombes, d’obus, de torpilles,
Désarmés de leur cœur ; terrible affront,
Pour des nations déchues aux valeurs qui vacillent.


La guerre et sa terreur,
La famine, la misère, les cris, les pleurs,
Des journées, cachés sous un ciel de peur,
Des nuits à vagir de nos malheurs…


La guerre et son silence…
Déchiré par des engins fendant les corps,
Baignant des mères dans la souffrance,
Des mercenaires dans un sang versé à tort…


La mort, et son annonce,
Ce démon qui rôde sur les champs de bataille,
Les âmes qu’il emporte, les cadavres qu’il piétine, défonce,
Broyant les cœurs, déchiquetant les entrailles,

Sur cette bande occupée, à Jérusalem lieu saint,
Dans les plaines rocheuses de Kandahar, de Kaboul,
Sur les montagnes brûlées du Kosovo lointain,
Sur les berges de l’Euphrate où le sang d’enfants innocents coule…

Sur les jardins suspendus d’une Babylone trahie,
Sous le drapeau suspendu à un mats pourri,
Des gouttes de sang suspendues à des corps mutilés, meurtris,
Des cris de souffrance suspendus à des lèvres qui prient…

Ta terre était ta terre,
Elle ne l’est plus, rêve éphémère…
Ta terre n’est que fumée et cendres,
Dans l’histoire, elle n’est plus que légende… »

La peine m’étrangla,
Une lourde tristesse m’ébranla…
Je retournai à mes prairies célestes,
Maudissant ma race, mes racines : la peste…

Bien au loin, sur d’autres contrées,
Sur l’autre rive du fleuve sacré,
Courut le bruit que rixes et conflits
Eclatèrent entre humains, …au paradis !
Dieu du ciel, même sur ta terre bénie,
Au Nirvana promis, les humains s’entre-tuent !
Sur cette terre d’amour, de haine ils s’enivrent ,
Dans la rage et la rancœur, ils y puisent pour vivre !

Ma terre était belle, éternelle, immortelle,
Ma terre était belle, femelle, rebelle,
Elle restera ainsi, pour toujours,
S’il y pleuvait… une pluie d’amour.

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