mardi 26 février 2008

UN ANGE S'EST POSE SUR BAGDAD


Un ange s’est posé sur Bagdad

Il fut un temps, lointain,
Où les califes et les émirs,
Régnaient sur la terre des saints,
La cité des augustes sires…
Il fut un temps, bien lointain…
Un temps enrayé de nos souvenirs,
Où les anges et les chérubins
Veillaient sur Bagdad et son empire…

Il fut un temps, à Bagdad,
Le temps des mille et une nuits,
Le temps d’une Shéhérazade
Parée de ses diamants qui brillent…
Il fut un temps, au bord de l’Euphrate,
Les enfants de toutes les ethnies
S’amusaient sans barricades,
Armés de leurs rires affranchis…

Un ange s’est posé sur Bagdad,
Un ange déchu, malade,
Ses ailes ébarbées saignent
Sur un Sahara de haine…

Les rives d’un Tigre pali
Pleurent une histoire meurtrie,
Où un immonde incube saccade
La mémoire de Bagdad…


Il fut un temps, naguère,
Où les odes et les vers
Emplissaient les âmes et les cœurs
D’un peuple en couleurs…
Un temps où l’amour voguait
Entre les dunes ambrées,
Où la paix s’écoulait dans les mœurs
D’un peuple en couleurs…

Il fut un temps, autrefois,
Où dans Babylone, les princesses et les rois
Des palais et des jardins suspendus
Contaient des fables inouïes…
Un temps, où sur cette glèbe pieuse,
Dans ses temples aux pierres précieuses,
Un peuple en couleurs
Priait en chœur…

Un ange s’est posé sur Bagdad,
Un ange déchu, malade,
Ses ailes ébarbées saignent
Sur un Sahara de haine…

Les rives d’un Tigre pali
Pleurent une histoire meurtrie,
Où un immonde incube saccade
La mémoire de Bagdad…


Il est un temps, aujourd’hui,
Un temps obscurci,
Où les obus et les mitrailles,
Les guerres et les batailles
Déciment un peuple décoloré,
Une masse décousue, violée,
Etouffent la peuplade
Anéantie de Bagdad…


Il est un temps, ce jour,
Où les chants et les troubadours
Laissent la place aux cris et aux larmes,
Aux bombes et aux armes,
D’un peuple décoloré,
Décimé, ruiné, annihilé…
Par des infâmes qui bradent
L’honneur de Bagdad…


Un ange s’est posé sur Bagdad,
Un ange déchu, malade,
Ses ailes ébarbées saignent
Sur un Sahara de haine…

Les rives d’un Tigre pali
Pleurent une histoire meurtrie,
Où un immonde incube saccade
La mémoire de Bagdad…

L’ange s’envole dans le ciel de Bagdad,
Un ciel noirci par la fumée des grenades…
Une plume argentée, de son feuillage, se détache
Et se noie dans un puits qui crache
L’or noir, des entrailles d’un désert
Mutilé, amer,
La raison d’une guerre,
La déraison d’une humanité qui erre…

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