mardi 26 février 2008

PRAGMATIQUE


Pragmatique

La tactique humaine,
La stratégie sociale,
Veulent que les règles de scène,
Les normes raciales,
S’appliquent à toute heure délétère,
A toute seconde,
De notre vie austère,
Sur ce monde…


La logique pragmatique
De notre existence académique
Réglée par une horloge de polémiques
Où se mêlent les lâches et les épiques,
Les braves et les caustiques,
Les originaux et leurs génériques…
Cette logique est la règle canonique
De notre carillon ironique…
La cloche sonne,
Fatidique rappel à l’ordre, qui résonne,
Dans nos oreilles sourdes
Qui écoutent sans écouter, les misères balourdes,
Devant nos yeux aveugles
Qui scrutent sans voir, ces voix qui beuglent,
Sur nos lèvres muettes
Qui murmurent, dans le silence, des oraisons fluettes…


Et moi ?
Perdu dans cet univers de désarroi,
Dans ce cosmos qui foudroie
Des âmes qui broient
Le noir de leur vie sans joies,
Et qui portent le poids
D’une conscience dans l’effroi,
Condamnée à un mutisme sans foi…
Et toi ? Traces d’un prologue
D’une aube qui pointille, odeur de drogue
Qui empoisonne ton esprit de démagogue,
Ta vie en catalogue,
Tu te perds dans un monologue,
Où la déraison est ton allié en vogue,
Tu t’abîmes dans ce dialogue
Devant ta glace qui se brise, sombre épilogue…


Faut il se plier, se courber, se rabattre ?
Faut il se blottir dans cet âtre ?
Déjouer les sabres acariâtres,
Ou jouer son sinistre rôle au théâtre ?
Fait il être un soumis, un châtre,
Pour fuir les enjeux macabres
Des lois opiniâtres
Qui dictent nos gestes désabusés de bellâtres…
Et si le soleil se levait à l’ouest ?
Et si la lune brillait à midi, reine céleste ?
Et si les rois suaient sous leur veste
Des veuleries et des incestes
Qui infestent
Leur règne de peste,
Sur une peuplade qui empeste
La mesquine quiétude d’une éternelle sieste…

Je te vois dans mes rêves,
Je te caresse, je te touche, je soulève
La mèche qui tombe sur tes pupilles d’Eve,
Je hume ton enivrante sève,
Dans mes rêves
Qui m’endeuillent et qui enlèvent
L’espoir d’une trêve
Dans cette éternelle nuit de ma vie brève…
J’effleure ta peau satinée dans mes songes,
Dans cet abîme obscur qui s’allonge…
Dans les abysses de l’imposé, je plonge
Pour libérer ma chaire fétide des longes
De la honte qui la ronge,
Je traverse les espaces et les forlonges
Pour fuir leur sordides mensonges
Dans ce néant qui se prolonge…


Dans mes chimères démentes, mes insensés leurres,
Je m’égare dans ces mirages enjôleurs,
Hauts en couleurs,
J’erre dans mes sadiques erreurs,
Mes insipides fureurs,
Tel un insomniaque flâneur,
Un somnambule prêcheur,
Pour crier mon ultime douleur.
Corde au cou,
Lame tranchante qui fend ma hargne de fou,
Mains stigmatisées sur leur croix de clous,
Je brise leurs verrous,
Je hurle ma névrose, ma démence, à genoux…
Je rugis mon envie aliénée, mon désir soûl…
Je casse leurs chaînes de pragmatiques,
Leurs attaches de servitude de coutumes chaotiques…


Je te porterai dans mon cœur comme un diadème,
Je braverai leurs thèmes ridicules et leurs risibles théorèmes,
J’arroserai mes champs de ton sang, vénérable blasphème,
Auguste baptême,
Tu seras ma pitance dans mes kabbalistiques carêmes,
Tu seras mon rituel défendu, mon apostème…
Au dessus de la stèle embaumant mon corps blême,
Mon ultime prière sera pour toi : Je t’aime…

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