Rimes des abîmes
Elle était folle,
Elle était mendiante…
Elle portait sa folie comme une auréole,
Elle mendiait sa vie obsolète, de sa main tremblante,
L’aumône pour une maudite pitance,
Une offrande pour abreuver sa peur,
Ses yeux imploraient une charité, une bienfaisance,
Son regard adjurait une obole, une chaleur…
Elle était la folle, la démente du village,
La risée d’une horde,
La raillerie de ceux qui se disaient sages…
Elle portait une corde
Autour de son cou chétif,
Des lianes serraient ses veines,
Telle une condamnée, une bannie qui s’esquive
Dans les sombres ruelles qui abritaient sa peine…
Ses cheveux emmêlés flottaient dans les airs,
Un diadème doré, une nimbe auguste…
Fière, elle transportait sa crinière
Dans cette aberrante jungle frustre,
Entre des voraces qui tanguent
Une haine d’ignorance…
Une frayeur qui l’étrangle,
Un effroi de la différence…
Elle était la folle la plus adulée
Dans ce monde de tourbe…
L’aliénée la plus convoitée,
Dans cette cité de fourbes…
Dans son antre caverneux, perdu dans des venelles ténébreuses,
Les séraphins et les incubes se côtoyaient,
Lui proférant une sainteté mystérieuse,
Une folie qui scintillait…
Les mâles s’entassaient
Dans les couloirs obscurs,
Son murmure exhalait
Autour de leurs pensées impures…
Ils s’empressaient
Autour de leur mécène, de leur messie,
Pour avouer leurs péchés,
Pour se dépouiller de leurs délits…
Les femelles s’encaquaient devant sa porte,
Dans leur cœur, la misère de leur existence,
La crainte d’une trahison les transporte
Vers la folle aux dons de voyance…
Elles s’amassaient autour de leur providence,
De celle qui les sauverait de leurs supplices,
Des mains plaintives se tendaient, en transe,
Vers une main rédemptrice…
Sur la table miteuse,
Elle étalait son jeu de cartes, son jeu de la vie,
De leurs vies piteuses,
De leurs secrets et de leurs interdits…
Elle jouait du bien et du mal,
Elle jouait de Dieu et du diable
Comme un bambin s’amusait avec une balle,
Ou avec un château de sable…
Ils s’accrochaient au Seigneur,
Un besoin de s’agripper au bon, à la vertu…
Ils croyaient au Créateur
Qui les absoudrait de leurs méfaits, de leurs désirs crus…
Des prières baignées dans des pleurs
De châtiment, de haine ou d’inquiétude,
Des larmes de rancune ou de frayeur,
De doute ou de solitude…
Elle jouait de Dieu et du diable,
Et voyait dans leurs prunelles qui luisaient,
Une lueur d’espoir détestable,
Une sérénité factice, un repos fardé…
Satan les acquitterait de leurs fautes,
Et porterait le poids du tabou
Qui hante leurs nuits de fraudes,
Leurs nuits de tracas et de remous…
Elle jouait du bien et du mal,
Le bien qui assemble et unit,
Le bien de la sainte quête du Saint Graal…
Le bien qui donne, pardonne et gratifie
D’une demeure mirifique à l’Eden céleste,
D’un fastueux jardin aux mille et une graines,
D’un harem de gracieuses vierges offertes,
Le cœur éteint d’un corps soumis, obscène…
Elle connaissait, sur le bout des doigts
La vie de tout un chacun, sa face cachée et ses dessous,
Ses affres, ses désirs, ses effrois,
Ses interdits et ses remous…
La folle jouait du jour et de la nuit,
Elle jouait de leur vie et de leurs passions,
De leurs chimères et de leurs délits,
De leur sort et de leur déraison…
Elle traçait sa route,
Tumultueuse, sinueuse, poussiéreuse,
Au milieu de cette tribu en déroute,
Au milieu d’une armée de langues tortueuses…
Elle traçait son chemin,
Péniblement, mais sans repentance ni douleurs,
Elle gravait sur le creux de sa main
Les lignes d’une existence sans couleurs….
Elle était la folle, la démente
Qui procurait la raison…
Elle était la misérable, la mendiante
Qui offrait le trésor des unions…
Elle était la dénigrée, l’oubliée
Qui ravivait les souvenances…
Elle était la soumise, l’insoumise, la révoltée
Qui annulait les divines pénitences…
Elle connaissait tout,
Tout, sauf elle…
Elle s’enfonçait dans le gouffre, dans un trou,
Egarée parmi des sentinelles
De sa foi, des lois déloyales,
Qui la rayaient d’une masse sournoise,
Qui la bannissaient d’une masse immorale…
Elle ignorait sa destinée qui l’écrase…
La flamme d’une bougie qui fondait,
Eclairait ses yeux ternis, éteints,
La cire qui coulait
Brûlait sa chaire blafarde, son corps opalin…
Elle étalait les cartes vieillies,
Ses lèvres tremblaient,
Des prophéties aigries
Jaillissaient tel un vomi empesté…
De sa bouche tarie,
Fusaient des rimes
Qui cadençaient au rythme des vies
Éperdues dans les abîmes…
De sa bouche racornie, giclaient des rimes,
Des versifies abjectes,
Des poétises des abîmes,
Des vers infects…
Elle était la folle qui voguait
Entre les rimes des abîmes,
Des artères de son âme blessée,
Des parcelles de sa philosophie qui triment
Sur les stigmates d’un bitume puant,
Un chemin qui empestait des normes absurdes,
Des interdits aberrants,
Faisant d’elle l’exclue bâtarde…
Les cartes s’entremêlaient,
Les rois et les reines fusaient, confus,
Dans ce marasme de pensées effarées,
Les trèfles et les cœurs perdus
Dans une mare de sentences,
Dans ce corps trahi
Par sa démence,
Par sa folie…
Elle était la raison d’un village en délire,
La lumière d’une patrie dans le noir,
La lumière de ces cœurs maussades noyés dans le satyre
D’une crevasse qui s’enfonce, dérisoire…
Elle était la sagesse et la modération
Dans ce monde où les barbus et les sabres
Sont la raison d’une armée éprise, dévastée, en haillons,
Qui dévastait la conscience d’une horde en marbre…
La folle s’en allait,
Sur les dunes de son cœur désert,
Sur les écumes de son âme immergée,
Vers ses songes et ses fantasmes amers…
Elle était Saba, la reine des destinées,
Isis, la déesse des amours déchues,
Alyssa, la conquérante des ardeurs délaissées,
L’île où échouaient les cœurs perdus…
La folle s’en irait,
Vers un monde meilleur,
Un monde illuminé
Où ses visions ne seraient que bonheur…
La folle s’en irait,
Dans un monde où les Dieux et les diables
Seraient à ses côtés,
Pour assouvir la faim des êtres exécrables…
De sa bouche bénie,
Fusaient des rimes
Qui cadençaient au rythme des vies
Éperdues dans les abîmes…
De sa bouche liturgique, giclaient des rimes,
Des versifies pieuses,
Des poétises des abîmes,
Des odes ensorceleuses…
Elle serait la folle glorifiée,
La démente vénérée.
Elle serait l’amante désirée
Et la femme implorée…
Sa folie attiserait les passions torrides,
Sa démence coulerait des cimes
Pour ensevelir les pensées vides,
De ses rimes des abîmes…
Elle était mendiante…
Elle portait sa folie comme une auréole,
Elle mendiait sa vie obsolète, de sa main tremblante,
L’aumône pour une maudite pitance,
Une offrande pour abreuver sa peur,
Ses yeux imploraient une charité, une bienfaisance,
Son regard adjurait une obole, une chaleur…
Elle était la folle, la démente du village,
La risée d’une horde,
La raillerie de ceux qui se disaient sages…
Elle portait une corde
Autour de son cou chétif,
Des lianes serraient ses veines,
Telle une condamnée, une bannie qui s’esquive
Dans les sombres ruelles qui abritaient sa peine…
Ses cheveux emmêlés flottaient dans les airs,
Un diadème doré, une nimbe auguste…
Fière, elle transportait sa crinière
Dans cette aberrante jungle frustre,
Entre des voraces qui tanguent
Une haine d’ignorance…
Une frayeur qui l’étrangle,
Un effroi de la différence…
Elle était la folle la plus adulée
Dans ce monde de tourbe…
L’aliénée la plus convoitée,
Dans cette cité de fourbes…
Dans son antre caverneux, perdu dans des venelles ténébreuses,
Les séraphins et les incubes se côtoyaient,
Lui proférant une sainteté mystérieuse,
Une folie qui scintillait…
Les mâles s’entassaient
Dans les couloirs obscurs,
Son murmure exhalait
Autour de leurs pensées impures…
Ils s’empressaient
Autour de leur mécène, de leur messie,
Pour avouer leurs péchés,
Pour se dépouiller de leurs délits…
Les femelles s’encaquaient devant sa porte,
Dans leur cœur, la misère de leur existence,
La crainte d’une trahison les transporte
Vers la folle aux dons de voyance…
Elles s’amassaient autour de leur providence,
De celle qui les sauverait de leurs supplices,
Des mains plaintives se tendaient, en transe,
Vers une main rédemptrice…
Sur la table miteuse,
Elle étalait son jeu de cartes, son jeu de la vie,
De leurs vies piteuses,
De leurs secrets et de leurs interdits…
Elle jouait du bien et du mal,
Elle jouait de Dieu et du diable
Comme un bambin s’amusait avec une balle,
Ou avec un château de sable…
Ils s’accrochaient au Seigneur,
Un besoin de s’agripper au bon, à la vertu…
Ils croyaient au Créateur
Qui les absoudrait de leurs méfaits, de leurs désirs crus…
Des prières baignées dans des pleurs
De châtiment, de haine ou d’inquiétude,
Des larmes de rancune ou de frayeur,
De doute ou de solitude…
Elle jouait de Dieu et du diable,
Et voyait dans leurs prunelles qui luisaient,
Une lueur d’espoir détestable,
Une sérénité factice, un repos fardé…
Satan les acquitterait de leurs fautes,
Et porterait le poids du tabou
Qui hante leurs nuits de fraudes,
Leurs nuits de tracas et de remous…
Elle jouait du bien et du mal,
Le bien qui assemble et unit,
Le bien de la sainte quête du Saint Graal…
Le bien qui donne, pardonne et gratifie
D’une demeure mirifique à l’Eden céleste,
D’un fastueux jardin aux mille et une graines,
D’un harem de gracieuses vierges offertes,
Le cœur éteint d’un corps soumis, obscène…
Elle connaissait, sur le bout des doigts
La vie de tout un chacun, sa face cachée et ses dessous,
Ses affres, ses désirs, ses effrois,
Ses interdits et ses remous…
La folle jouait du jour et de la nuit,
Elle jouait de leur vie et de leurs passions,
De leurs chimères et de leurs délits,
De leur sort et de leur déraison…
Elle traçait sa route,
Tumultueuse, sinueuse, poussiéreuse,
Au milieu de cette tribu en déroute,
Au milieu d’une armée de langues tortueuses…
Elle traçait son chemin,
Péniblement, mais sans repentance ni douleurs,
Elle gravait sur le creux de sa main
Les lignes d’une existence sans couleurs….
Elle était la folle, la démente
Qui procurait la raison…
Elle était la misérable, la mendiante
Qui offrait le trésor des unions…
Elle était la dénigrée, l’oubliée
Qui ravivait les souvenances…
Elle était la soumise, l’insoumise, la révoltée
Qui annulait les divines pénitences…
Elle connaissait tout,
Tout, sauf elle…
Elle s’enfonçait dans le gouffre, dans un trou,
Egarée parmi des sentinelles
De sa foi, des lois déloyales,
Qui la rayaient d’une masse sournoise,
Qui la bannissaient d’une masse immorale…
Elle ignorait sa destinée qui l’écrase…
La flamme d’une bougie qui fondait,
Eclairait ses yeux ternis, éteints,
La cire qui coulait
Brûlait sa chaire blafarde, son corps opalin…
Elle étalait les cartes vieillies,
Ses lèvres tremblaient,
Des prophéties aigries
Jaillissaient tel un vomi empesté…
De sa bouche tarie,
Fusaient des rimes
Qui cadençaient au rythme des vies
Éperdues dans les abîmes…
De sa bouche racornie, giclaient des rimes,
Des versifies abjectes,
Des poétises des abîmes,
Des vers infects…
Elle était la folle qui voguait
Entre les rimes des abîmes,
Des artères de son âme blessée,
Des parcelles de sa philosophie qui triment
Sur les stigmates d’un bitume puant,
Un chemin qui empestait des normes absurdes,
Des interdits aberrants,
Faisant d’elle l’exclue bâtarde…
Les cartes s’entremêlaient,
Les rois et les reines fusaient, confus,
Dans ce marasme de pensées effarées,
Les trèfles et les cœurs perdus
Dans une mare de sentences,
Dans ce corps trahi
Par sa démence,
Par sa folie…
Elle était la raison d’un village en délire,
La lumière d’une patrie dans le noir,
La lumière de ces cœurs maussades noyés dans le satyre
D’une crevasse qui s’enfonce, dérisoire…
Elle était la sagesse et la modération
Dans ce monde où les barbus et les sabres
Sont la raison d’une armée éprise, dévastée, en haillons,
Qui dévastait la conscience d’une horde en marbre…
La folle s’en allait,
Sur les dunes de son cœur désert,
Sur les écumes de son âme immergée,
Vers ses songes et ses fantasmes amers…
Elle était Saba, la reine des destinées,
Isis, la déesse des amours déchues,
Alyssa, la conquérante des ardeurs délaissées,
L’île où échouaient les cœurs perdus…
La folle s’en irait,
Vers un monde meilleur,
Un monde illuminé
Où ses visions ne seraient que bonheur…
La folle s’en irait,
Dans un monde où les Dieux et les diables
Seraient à ses côtés,
Pour assouvir la faim des êtres exécrables…
De sa bouche bénie,
Fusaient des rimes
Qui cadençaient au rythme des vies
Éperdues dans les abîmes…
De sa bouche liturgique, giclaient des rimes,
Des versifies pieuses,
Des poétises des abîmes,
Des odes ensorceleuses…
Elle serait la folle glorifiée,
La démente vénérée.
Elle serait l’amante désirée
Et la femme implorée…
Sa folie attiserait les passions torrides,
Sa démence coulerait des cimes
Pour ensevelir les pensées vides,
De ses rimes des abîmes…
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